L’édition de L’Union du 12 mars dernier (n°19641) ne manque pas de piquant, mais de rigueur déontologique, comme c’est souvent le cas quand ce quotidien évoque le Front National.
L’on y lit, par exemple qu’un couple prétend avoir été trompé par des membres du FN et se serait retrouvé malgrè lui sur notre liste des municipales à Château-Thierry. Le journaliste jouant faussement les candides en inscrivant comme chapeau de paragraphe :
« Manipulations ? » ; et en poursuivant dans ce dernier :
« Manipulations (remarquez le pluriel de manipulations qui sous-entend qu’il pourrait y en avoir d’autres) pour obtenir 33 noms ou difficultés à assumer son camp politique ? Difficile d’y voir clair. C’est la parole des uns contres celle des autres. » Que ces gens là aient changé d’avis, cela les regarde ; mais quand on sait le nombre de pièces administratives, de justificatifs et de signatures à apposer en main propre pour faire partie d’une liste électorale, la réponse à la question de savoir s’il y a eu manipulation ou non devrait couler de source pour le moins lettré des grouillots d’imprimeries, mais visiblement pas pour le journaliste auteur de cette prose lénifiante.
Mais ce n’est pas tout, sur la même page (annoncée en « Une », s’il vous plait) la charge continue : nous apprenons qu’une dame de Château-Thierry se trouve être un homonyme d’une de nos colistières à l’élection municipale du 9 mars.
Il en a résulté pour cette dame, qui n’a strictement rien à voir avec le Front National de l’Aisne, quelques ennuis avec les bonnes consciences démocrates de son quartier. Le journal précise que cette dame à dû subir des « réflexions blessantes » et des rumeurs sur son compte en raison de l’homonymie. Nous en sommes désolés pour elle. Mais à aucun moment le journaliste ne semble s’interroger sur le véritable fond du problème ; sur le fait qu’une citoyenne puisse être insultée sous le seul prétexte qu’elle aurait été présente aux élections sous l’étiquette Front National (qu’elle soit réellement présente sur une liste du FN, ou que cela soit un malentendu, importe peu en l’occurrence), mouvement politique démocratique et légal dans un pays (en principe) démocratique.
Mais il faut dire que L’Union, comme tous les médias de la grosse presse, s’est toujours fait un malin plaisir à publier, voir à cautionner, les injures et autres mensonges colportés par des adversaires politiques aussi hargneux qu’à court d’argument.
Mais comment s’en étonner outre mesure quand on constate comment L’Union traite certains faits d’actualités dans l’Aisne (voir nos précédents articles en cliquant ici et là) ?
Entendons-nous bien, nous ne demandons pas que L’Union nous favorise dans ces articles, loin de là, mais simplement d’être traité avec toute la rigueur et la neutralité que devrait imposer la déontologie journalistique, ni plus ni moins…
« J’étais convaincu depuis longtemps que les gazettes sont faites uniquement pour amuser la foule et l’éblouir sur le moment, soit qu’une force extérieure empêche le rédacteur de dire la vérité, soit que l’esprit de parti l’en détourne. »
Gœthe, Annales, 1808-1811.