L'ÉDITO de Jean-Claude Roussel dans l'UNION de ce jour (24.02.09).
Les charognards :
Les vautours que l'on voit perchés sur un fil télégraphique dans de nombreux épisodes de Lucky Luke ont quelque chose de sympathique. Idem pour ceux du Livre de la jungle. Mais les charognards que l'on pouvait croiser hier soir à la Guadeloupe inspiraient plutôt de l'écœurement. Certes, on ne vit pas sur la planète des Bisounours et en matière politique, tout est bon pour mettre l'adversaire en difficulté. Mais de là à sauter dans un avion pour aller parader devant un cercueil à l'autre bout de la planète, l'air contrit mais en prenant bien soin d'offrir son meilleur profil aux photographes… L'exercice auquel se sont livrés Ségolène Royal, Olivier Besancenot et José Bové relève plus du domaine de la nécrophilie que de celui de la simple récupération politicienne. Et il a fallu à la Jeanne d'Arc du Poitou une dose certaine de cynisme pour oser répliquer « Ayez un peu de respect ! » aux journalistes qui se permettaient de la questionner sur sa présence. Les ronds de jambe de ce trio macabre autour du cercueil de Jacques Bino, le syndicaliste guadeloupéen tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi, auraient peut-être pu se concevoir si ses membres s'étaient fait entendre en temps et en heure sur la crise qui secoue les Antilles. Mais tel n'a pas été le cas. A leur décharge, ces trois sinistres personnages n'ont pas été les seuls à sauter dans le train en marche. Il aura fallu de longues semaines à notre personnel politique, ainsi qu'aux médias, pour prendre la mesure de l'événement. Parfait exemple de la cécité de nos élites, ou du moins de nos élus, Christiane Taubira. Inexistante depuis le début de la crise, la députée PRG de Guyane est subitement devenue incontournable à la télé comme à la radio, où ses interventions percutantes mais réfléchies permettent de prendre du recul tout en restant en prise avec l'actualité. Bref, elle a des choses à dire et n'a pas besoin de monter à califourchon sur un corbillard pour être entendue, elle.
(nous sommes rarement d'accord avec le journal l'Union qui ne nous traite pas toujours correctement, pour ne pas saluer la pertinence et le courage de cet éditorial. Wallerand de Saint Just)