La lettre de Jean-Marie Le Pen aux cadres du Front National
Aux cadres du Front National
Mesdames, Messieurs,Mes Chers Amis,
Président-fondateur du Front National depuis près de quarante ans, réélu au Congrès de Bordeaux en 2007 avec plus de 95 % des suffrages par le vote direct des adhérents, après plus de cinquante ans de vie politique consacrés à la défense de la France, je croyais avoir tout vu. Et bien non.L’affaire Mégret n’a, semble-t-il, pas servi de leçon.Vous avez été destinataires d’un courrier électronique avec vidéos émanant de monsieur Gilles Arnaud, ancien employé du FN, conseiller régional en instance d’exclusion pour non respect des engagements financiers vis-à-vis de notre mouvement, vous informant de la constitution d’un comité de soutien à la candidature scissionniste de Carl Lang et de ses amis.Car il faut appeler un chat un chat, la Commission nationale d’investitures ayant confié la tête de liste Front National dans le grand nord-ouest à Marine Le Pen, Carl Lang n’ayant obtenu que deux voix sur onze.Les arguments utilisés (différents idéologiques, attaques personnelles, insinuations douteuses…) et les méthodes me rappellent trop celles utilisées en 1998 lors de l’affaire Mégret pour ne pas réagir vivement.J’ajoute que les récentes déclarations de monsieur Sarkozy pariant sur la mort certaine du FN, les contacts pris par monsieur Lang et ses amis députés européens avec Villiers, Dupont-Aignan et consorts, me confortent dans l’idée que cette manœuvre n’est ni spontanée, ni neutre.Accompagné de monsieur Le Rachinel (contre qui nous sommes en procès) et de quelques élus qui s’étaient pourtant engagés sur l’honneur à respecter leurs engagements moraux, monsieur Lang a dépassé les limites de l’acceptable.Je croyais en le nommant secrétaire général à la mort de Jean-Pierre Stirbois qu’il était fait de l’acier dont on trempe les meilleures armes, je me rends compte aujourd’hui qu’il est fait du zinc dont on fait les gamelles.Pendant que nous sommes occupés à régler les problèmes financiers qui affaiblissent notre mouvement, pendant que nous sommes mobilisés à vendre le « paquebot » pour faire face à nos obligations, pendant que nous raclons les fonds de tiroir pour payer notre personnel, pendant que nos fédérations, nos élus et nos militants consentent des sacrifices importants pour sauver le Front national, monsieur Lang, avec ses amis « privilégiés » du FN en profitent pour s’occuper de leurs intérêts personnels d’abord !Comme à chaque élection européenne, l’appel du mandat rémunérateur l’emporte sur le sens de l’intérêt général et la nécessaire rénovation du parti. Monsieur Lang, conseiller régional depuis 1986, député européen depuis 1994, retiré de toute activité militante depuis plus de quatre ans (n’ayant voulu prendre aucune responsabilité dans les dernières élections nationales, ni être candidat aux municipales, ni aux cantonales, ni même dans les instances internes de notre mouvement au dernier congrès), ne supporte pas l’idée de quitter un mandat qu’il pensait, semble-t-il, occuper à vie.Dois-je rappeler à ces gens-là que notre mouvement a été créé pour défendre les valeurs traditionnelles et la patrie, et non pas pour empiler des mandats et des indemnités ? Par leur attitude, ils salissent ceux qui les ont précédés dans ce combat et qui, pour certains d’entre eux, y ont laissé leur vie.Monsieur Lang se souvient-il de l’écriteau qui ornait jadis son bureau de secrétaire général : « Tu dois tout au FN, le FN ne te doit rien ». Non Carl, le parti ne te doit rien et ton attitude est pitoyable. Tu seras jugé sévèrement par tous ceux qui n’ont pas eu ta chance, qui méritaient pourtant de l’avoir, et qui ont toujours su rester fidèles.Dans ces conditions, je demanderai au Bureau exécutif de suspendre les acteurs de cette déstabilisation interne qui ne pourront plus dès lors se prévaloir de leur appartenance au FN, ni utiliser notre logo ou nos fichiers. J’ai demandé à nos avocats de veiller au respect de ces obligations et au Secrétaire général de prévoir de les remplacer.Je ne vois pas comment nous pourrions incarner aux yeux de nos concitoyens une alternative crédible si nos cadres donnent un tel exemple de désobéissance.Je compte sur votre soutien et votre totale confiance dans cette situation.
Amitiés,
Le Président du FNJean-Marie LE PEN