vendredi 3 juillet 2009

Chronique hebdomadaire de Philippe Randa

www.philipperanda.com

Dimanche soir, les Ch’tis, si connus depuis le film à succès de Dany Boon, seront-ils toujours aussi populaires ? Le sont-ils d’ailleurs encore à l’heure actuelle ? Rien n’est moins sûr. Même si le Front républicain allant du Modem au Parti communiste, soutenu par l’UMP et même, fort élégamment, par certains dissidents du Front national, l’emporte, il y aura eu un « avant » et un « après » électoral.

Car les Ch’tis, quand ils apparaissent sur les écrans alcoolos, rigolards et n’abusant pas trop de leur intelligence, la France entière est pliée de rire. On délaisse alors Disneyland, Thoiry, Nigloland, le parc Astérix ou encore Walibi Schtroumpf pour visiter ce nouveau et si kitch parc d’attraction où l’on peut voir « en vrai » ces drôles d’indigènes qu’il suffit d’écouter parler deux secondes pour s’en payer une bonne tranche… Et les touristes de ne toujours pas en revenir : ils avaient « ça » près d’chez eux et ne le savaient pas ! C’est « cool », la France, quand même !

Seulement, patatras… Le Ch’ti, ça ne mord pas, mais ça vote ! Le parc d’attraction s’est soudain transformé en jungle où règne une impitoyable loi électorale.

Le candidat du Front national Steeve Briois, avec 40 % de voix au premier tour de l’élection municipale d’Hénin-Beaumont, pourrait emporter la mairie dans deux jours ! Et à ses côtés, une dame blonde souvent « vue à la télé » depuis un certain soir de mai 2002 où son père, après s’être qualifié pour le second tour de la présidentielle, venait d’être largement battu par le syndic de faillite sortant de l’époque. Aucun cadre du Front national, dit-on, ne tenait à essuyer les quolibets après la sévère défaite de leur chef. Vrai ou faux. Quoi qu’il en soit, c’est la fille du chef qui a ramassé la flamme tricolore, un peu comme un soldat relève son drapeau après la bataille pour ne pas laisser à l’ennemi le plaisir de s’essuyer les pieds dessus. Il est toujours étonnant d’entendre depuis contester sa « légitimité ». Ce fameux soir de 2002, non par le sang versé, mais par le courage montré, elle a, n’en déplaise, bien mérité du Mouvement fondé par son père.

Steeve Briois et Marine Le Pen réussiront-ils à emporter la Mairie dimanche soir, c’est-à-dire, sont-ils ou non parvenus – ce vendredi, les jeux sont sans doute faits – à persuader une majorité d’électeurs que leur victoire ne déclenchera pas l’apocalypse prédite par leurs adversaires ?

Car, une fois de plus, personne ne parle beaucoup de programme politique. Côté Briois-Le Pen, on communique essentiellement sur le thème : « Ils vous ont trompé, ils vous ont volé, ils continueront » et côté anti-Briois-Le Pen, on rabâche : « Le fascisme ne passera pas ! », ce que certains esprits chagrins pourraient bêtement traduire par « le fascisme, c’est quand on ne vous ment pas et qu’on ne vous vole pas. »

Dimanche soir, quel que soit le résultat, une chose est d’or et déjà certaine : le parc d’attraction ch’tis ne sera plus vraiment ce qu’il a été depuis février 2008, date de sortie du film de Dany Boon…

Je serais Ch’ti, je ne suis pas certain que cela serait fait pour me déplaire tant que ça !